poste vacant scénario inventé

« Saphyre, tes manières veux-tu ! »

Son père n'avait pas haussé la voix pourtant, Lullaby avait immédiatement enlevé ses coudes de la table. A vrai dire; il n'avait pas besoin de crier pour avoir l'air impressionnant, le ton de sa voix, dur suffisait amplement. Ainsi, la jeune fille de douze ans ne releva même pas le fait que son père l'ai appelé Saphyre, prénom qu'elle n'appréciait guère, se faisant ainsi appeler Lullaby par tout le monde. Aux côtés de la jeune fille, Valentina, sa sœur, qui se tenait de manière parfaite émit un petit rire, sachant très bien à quel point sa jumelle haïssait ce prénom. Elle ne tiqua même pas, peu désireuse de ne plus faire remarquer encore une fois par son géniteur, se contentant de lancer un regard noir à sa jumelle. Elle détestait ces remarques, celles qui sans intonation particulière, la heurtait avec la violence d'une flèche, faisant naître ce sentiment qui lui donnait cette impression désagréable, ce nœud dans la gorge qui subsistait toujours. Elle avait l'impression de décevoir ce père tellement exigeant, et détestait ça. La jeune fille continua à manger en silence, se concentrant mentalement sur les règles de bonnes manières de son père. « Tiens toi droite; ne met pas les coudes sur la table; Ne bois pas tout ton verre d'un coup .. ». Tous ces petits détails infimes auxquels son père tenait absolument l'indifféraient au plus haut point, mais son désir de plaire était plus fort que ses convictions personnelles. En tant que filles de Rabastan Lestrange, héritier d'une famille au sang pur extrêmement renommée, elles se devaient de donner une bonne image. Les jumelles Lestrange avaient été élevées dans une optique de rigueur et d'excellence, d’intolérance et de richesses apprenant dès leur plus jeune âge les distinctions des sangs, mais aussi les bases théoriques de la magie et de son histoire. Apprenant l'art des potions tandis que d'autres jouaient à la dinette. Ainsi même durant les vacances scolaires, leur père les entrainaient, leur apprenant des sortilèges parfois bien précoces par rapport à ceux que lançaient leurs camarades. Il ne voulait pas que ses filles soient de bonnes sorcières, il voulait faire d'elles des sorcières exceptionnelles, de futures mangemortes. Jouant négligemment avec sa fourchette, Lullaby pensait, des images de son enfance lui revenant en mémoire. La demoiselle n'avait pas été malheureuse, le nom de Lestrange était recconu dans l'artistocratie sorcière, au même titre que les Black ou les Malefoy, ainsi elle n'avait manqué de rien, jouant toujours avec de beaux jouets, toujours vêtue des habits les plus chics, la petite avait tout ce qu'elle désirait. Pourtant, un vide se creusait en elle; Mais, lorsque l'on est enfant, l’on n’a pas le cœur assez grand pour exprimer ces choses-là, cet entremêlement de sentiments bien trop puissant que les mots de l'enfance ne peuvent décrire. Ainsi, ces plaisirs fugaces & matériels comblaient ce vide que la petite ne pouvait exprimer. Mais alors qu'elle grandissait, les cadeaux les plus clinquants ne comblaient pas ce vide, comme si une partie d'elle-même lui manquait. A aujourd'hui douze ans, la jeune fille commençait à se rendre compte de ce sentiment étrange, sans pour autant pouvoir mettre des mots, parfois, elle croyait entrevoir la vérité, souvenir imperceptible volant autour d'elle comme pour la narguer. Mais dès qu'elle essayait de l'attraper, elle l'effleurait sans jamais l'atteindre. Heureusement, il y avait Valentina, les deux sœurs étaient très proches, presque fusionnelles, chacune comblant ce manque d'amour parental entre elles. L'une étant le pilier de l'autre. La base. La vie.

« Il n'est pas très poli de rêvasser en plein repas jeune fille.
- Pardon .. »

La jeune fille secoua légèrement la tête, chassant les dernières images de son esprit. Bien qu'il avait eu aucune acidité dans le ton de son père, ces mots pourtant anodins l'avait touchée; comme à chaque fois.

« As-tu fait ta valise pour demain Saphyre ?
- Oui, il ne me reste que quelques bricoles à mettre.
- Bien, quand à toi Valentina, tu tacheras de faire un trimestre meilleur que le précédent, tes résultats étaient tout juste passables. Une Lestrange doit être la meilleure, tu le sais.
- Bien père. Murmura cette dernière »


Lullaby haussa les épaules, les résultats de sa sœur n'étaient pas mauvais, loin de là, on pouvait même dire qu'ils étaient bons. Mais il était vrai que Valentina n'était pas très travailleuse, on pouvait même dire qu'elle se fichait éperdument des cours mais elle arrivait pourtant à maintenir un bon niveau sans faire d'efforts, ce qui agaçait grandement son père. Au contraire, Lulla faisait tout pour avoir les meilleurs résultats possibles, pour plaire à ce dernier et à ses exigences. Une fois le repas terminé dans un échange de futilités, les adolescentes sortirent de table, elles avaient toutes deux hâte de retourner à Poudlard, retrouver leurs amis. Lullaby adorait son école, l'ambiance chaleureuse des lieux, du calme du dortoir de Serdaigle à la grandeur du parc. Tout en Poudlard rappelait à la jeune fille de précieux souvenirs. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres en se rappelant de la toute première fois qu'elle avait mis les pieds à Poudlard, elle pouvait presque sentir à nouveau son cœur s'emballer contre sa poitrine lorsque elle avait vu l'édifice se détacher dans la nuit d'encre. La première vision du château est un moment intense; magique; Peut-être plus encore que toutes les merveilles qu'il abrite, tableaux bavards, créatures enchanteresses & autres fantômes. C'est en rêvassant que la jeune fille finit sa valise avant de se coucher, elle devrait se lever tôt demain. Alors que ses yeux commençaient à la piquer, tentant de la tirer vers le sommeil, les mots de son père raisonnèrent dans son esprit. « Une Lestrange doit être la meilleure.» « Je serais la meilleure papa. murmura-elle à la nuit. La meilleure élève, la meilleure sorcière. Un jour, tu seras fier de moi. » C'est sur cette pensée qu'elle s'endormit, s'imaginant déjà comme la plus grande fierté de son père.




« Il ne vous reste que cinq minutes »

Lullaby ne releva même pas les yeux vers le professeur annonçant la fin de l'heure d'examen tant elle était concentrée sur son parchemin. Ses yeux allaient et venaient de gauche à droite tandis qu'elle relisant les lignes manuscrites rédigées sur sa copie, sa plume suspendue au-dessus prête à corriger la moindre faute, la moindre imperfection. Elle leva rapidement les yeux vers le sablier dominant l'estrade, annonçant la durée de l'examen. La jeune fille sentit yeux yeux la picoter légèrement, sa nuit avait été courte, elle s'était entrainée à se transformer durant de longues heures, parvenant même à rester durant une dizaine de minutes sous la forme d'un beau léopard argenté, cela lui avait demandé beaucoup d’énergie et de concentration .. mais le but était presque atteint, après de longues nuit d'entrainement en plus de son travail scolaire, cela faisait presque un an que Lulla avait commencé à tenter de se transformer, sachant que seuls de puissants sorciers parvenaient à ce but. Cela impressionnerait son père, Lulla en était persuadée ! Plus loin dans la salle, sa soeur Valentina, semblait avoir fini son examen depuis longtemps, elle observait distraitement le plafond, écoutant les grattements frénétiques des plumes à ses côtés en se balançant sur sa chaise avec désinvolture.

« Posez vos plumes. Tous, l'examen est fini. » S’exclama le professeur. « Accio parchemins ! »

Aussitôt, les copies quittèrent les tables pour se diriger dans les mains du sorcier tandis que bruit traditionnel du raclement des chaises et des tables se faisait entendre dans la grande salle. Lullaby, qui tenait toujours l'énoncé de l'examen dans sa main, rejoignit sa sœur.

« Alors ? Tu as réussi ?
- Mouais ça va aller, c'était simple
- A la question deux tu as répondu quoi ?
- Calme toi Lulla s'exclama Valentina avec un sourire, déstresse, c'était l'avant dernier exam ! Demain à la même heure on sera dans le Poudlard Express, oublie un peu les cours .. puis dors un peu la nuit, t'as une tête de mort-vivante ! T'as encore essayé de te transfomer ?»

Valentina ne connaissait que trop bien sa sœur, et savait à quel point réussir était important à ses yeux. En effet, au fil des années, l'exigence de Lullaby ne s'étaient qu'amplifiée. Autant sur elle même, que sur les notes, la jeune femme voulait que tout soit parfait, c'est pour cela qu'elle s'imposait ce rythme de travail infernal. Tout autour des deux jeunes filles, les discussions allaient bon train, chacun allant voir un autre pour demander les habituelles questions futiles et insipides. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille, le lendemain serait le jour du départ en vacances. Bal de niaiseries ou l'habituel rituel des étreintes & des sourires. Bal masqué de fausseté. Non pas que cela la dérangeait elle avait grandi ainsi, entourée de cette cour de gens qui ne sont pas ce qu'ils semblent être, toute l’aristocratie magique ou elle avait été élevée était un univers de faux-semblants et d’hypocrisie. Lullaby était plutôt connue dans les murs de Poudlard; Lestrange la princesse, digne héritière d'un empire familial ; Lestrange la magnifique, avec sa taille fine et élancée et ses boucles brune qu'elle aimait à se teindre en blond d'un coup de baguette ; Lestrange la froide, mais surtout Lestrange la fille d'un ancien mangemort de renom. Elle avait tout fait comme son père lui avait dit, travaillant un maximum pour avoir les meilleures notes possibles; Dans son attitude également, élevée dans l'excellence, elle avait appris l'ambition & la rigueur, dans ce but secret de rendre fier ce père si exigeant. Toujours entourée, elle était ce que l'on pouvait qualifier de populaire, adorée & détestée. Elle était heureuse, sous ce masque princier, elle avait tout, tout pour que sa vie soit parfaite. & pourtant, ce vide, étrange sentiment qui la consumait depuis son enfance, ne l'avait pas quittée. Au contraire, au fil des années, cette plaie béante ne cessait de saigner. Peu le savaient mais c'est pour cela qu'elle agissait comme tel, enchainant conquête sur conquête; Tentative vaine de combler le vide d'un cœur déserté par l'amour. Tentative illusoire.

Lullaby et Valentina suivirent leurs amies en direction du parc. Tandis que Lullaby avançait aux côtés d'une amie, Valentina tenait la main de son petit-ami, un jeune enfant de moldus. Cela faisait en effet bien longtemps que Valentina avait fait une croix sur les principes de sa famille, s’affichant fièrement au bras de nés-moldus et de sangs-mêlés. Tandis que Lullaby peut-être plus pour plaire à son père que pour elle-même continuait à se comporter comme une digne fille de mangemort, supportant à peine la présence des petits amis de sa jumelle. Il ne restait qu'un examen avant les vacances, l'examen d'histoire de la magie, ainsi, les filles s'installèrent à l'ombre d'un grand chêne, non loin du lac noir de Poudlard. Partout, les élèves profitaient des rayons de Juin pour réviser leurs examens au soleil divisés en petit groupes. Ainsi le parc était le théâtre des rires entremêlés aux effluves de cigarette et de pollen. La jeune femme commençait déjà à relire ses notes tandis que Valentina distribuait des sandwichs. Son regard se posa rapidement vers le sandwich que lui tendait sa sœur. Imperceptiblement, ses mains se crispèrent sur son parchemin tandis qu'elle imaginait le nombre de calories présentes dans toute cette mayonnaise et ce pain. « Ne mange pas ça songea-t-elle. Non, imagine le nombre de calories contenues la dedans. C'est pas raisonnable » ; être parfaite. Tel était l'objectif de Lullaby, être parfaite de tous les points de vue.

« Non merci Val, je dois encore relire le chapitre sur les guerres des géants .. »




Les yeux mis-clos, Lullaby rêvassait, ne semblant même pas faire attention au froid de la vitre sur laquelle son front s'appuyait, ni même au paysage qui défilait derrière. Le ronronnement du Poudlard Express ne semblait pas non plus la sortir de son état de léthargie. Peu à peu, chaque minute qui passait la rapprochait de son père, cela faisait un an qu'elle ne l'avait pas vu car elle et sa sœur restaient toujours à Poudlard pendant les vacances. Que lui dirait-il ? Que penserait-il de ses bulletins, de son physique, de ses notes ? Tant de questions qui se bousculaient dans l'esprit de la jeune fille de seize ans. Le jugement de ce père qui lui importait tant. Tandis qu'un soupir s'échappa de ses lèvres, sa sœur se tourna vers elle. En un coup d'œil, elle sut ce que ressentait sa jumelle.

« Tu penses à Papa ?
- Tu me connais bien ..
- Tout va bien se passer, tu as vu les notes que tu as ? Tu es l'une des meilleures de la classe, de l'école je dirais même ! Et puis tu as réussi à te transformer ! Hier soir tu es restée plusieurs heures en panthère ! Comment veux-tu qu'il ne soit pas impressionné ?
- Tu parles, comme si ça suffisait, il a toujours quelque chose à reprocher, tu as grossi ces derniers temps Saphyre, tes résultats ont baissé, tu aurais pu mieux jouer ce match-là ..
- Et alors Lulla ?! Il est comme ça, ça ne veut pas dire qu'il ne t'aime pas quand vas-tu te rentrer ça dans le crane ? »

Un léger sourire étira les lèvres de Lullaby, amusée par le franc-parler de sa sœur. Pourtant, elle ne pouvait la croire. Son père ne lui avait jamais dit clairement à quel point il l'aimait, et elle-même n'avait jamais su exprimer ses sentiments; ce manque.

« Mouais, je pense surtout qu'il s'en fout tant que je donne bonne image de la famille.. »

Valentina leva les yeux au ciel sans répondre, sachant que trop bien à quel point sa sœur pouvait être bornée. Le reste du voyage se déroula en silence, Lullaby observait sans les voir les valons et les prairies derrière la vitre tandis que Valentina lisait distraitement la Gazette du Sorcier. Alors que les pensées de la belle la menèrent encore une fois vers le visage de son père, le mouvement régulier du train commença à ralentir, indiquant que le terminus était proche. Sans un mot, les jumelles Lestrange prirent leurs bagages et se dirigèrent vers le chauffeur qui les ramènerait vers leur manoir, un vieux cracmol nommé Lee. Lulla sentit son cœur s'accélérer alors qu'elle approchait du manoir familial, vieil édifice situé à Nottingham, dans l’Est des Midlands. Comme à chaque fois, elle craignait les premiers mots de son père. Valentina avait l'air au contraire parfaitement serein. Jamais les critiques de son père ne l'avait atteinte, la jeune Poufsouffle faisait tout pour se démarquer de sa noble famille, travaillant le minimum possible, s'affichant sans cesse avec des tee-shirts représentant des groupes de musique moldus .. sa tante Bellatrix disait même qu'elle lui rappelait son cousin, le célèbre Sirius Black. En entendant ça, Valentina s'était dit qu'elle aurait adoré le rencontré, ce qui avait finit en une dispute mémorable entre la jeune fille et son père. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Lullaby en se rappelant de l'expression de son père lorsque Valentina était débarquée en repas de famille vêtue d'un tee-shirt Nirvana .. Sourire qui s’éteignit presque aussitôt. Non, elle ne devait pas penser ça, Valentina avait tord de se comporter ainsi, elle ne devait sourire à ces facéties, elle n'en avait pas le droit. Alors que la luxueuse voiture s’arrêtait devant l’imposante bâtisse, Lullaby sentait l’angoisse lui prendre les entrailles. Tellement qu’elle avançait vers l’entrée tel un zombie, voyant à peine ou elle mettait les pieds, elle trébucha sur les marches d’un porche massif et clinquant de grandeur et de majesté, à l’image du manoir en lui-même. Lullaby soupira, lança un rapide regard à Valentina qui avançait les mains dans les poches en sifflotant un air de musique moldue, puis entra dans le manoir, le cœur toujours battant.

Rabastan était assis au centre de l'immense salon familial, dans son grand fauteuil pourpre, à ses côtés, son frère ainé, Rodolphus.

« Bonjour Père s'exclama Valentina, Rodolphus.
- Bonjour les filles. »

Rabastan leva les yeux vers ses filles, Lullaby frissonna, sentant se regard inquisiteur de son père observer le moindre détail, il semblait lire en elle comme si elle était transparente.

« Comment se sont passés vos examens ?
- Je crois que ça s'est bien passé, je pense les avoir tous réussis.. répondit Lullaby.
- Tu penses.. murmura t-il. »

Lullaby se mordit la lèvre, seul le sourire encourageant de son oncle l'empêcha de défaillir. En effet, elle avait toujours été plutôt proche de son oncle, bien plus que de son père. Après un rapide clin d'œil de son oncle, Lullaby suivit Valentina vers leurs chambres. Décidément, l'été ne s'annonçait pas des plus heureux.




« Rabastan voyons, tu sais que c'est leur destin, le destin de la famille ! De TA famille s'écria Rodolphus »

Lord Voldemort avait officiellement pris le ministère, prenant le pouvoir sur toute la communauté magique. Rodlphus toisait son frère d’un air décidé, il était temps, temps pour lui que les héritières Lestrange affrontent leur bien sombre destin, suivant les traces de leur illustre lignée.

« Il est temps qu’elle arborent notre marque, qu’elle combattent au service du maitre !
- Je sais Rodolphus .. mais crois-tu qu’elles sont prêtes ?
- Tes filles sont de bonnes sorcières, elle feront de très bonnes mangemortes mon frère.
- Valentina ne voudra jamais. Elle semble avoir renié ces principes depuis des années.
- Tu ne peux que te blâmer, Rabastan le coupa son frère.Tu t'es trop radouci avec les années, si Bellatrix était là, elle te dirais la même chose. Ta fille rejoindra nos rangs, elle n’a pas le choix.
- Et si elle refuse ? »

Rodolphus ne répondit pas, pour lui, il était largement temps que ses nièces deviennent officiellement mangemortes, son frère n'avait pas été assez ferme dans leur éducation. Il regarda distraitement au travers la fenêtre et vit Valentina, embrassant un jeune homme devant l’entrée du domaine.

«Qui est ce garçon ?
- Le petit-ami de Valentina ..
- Un sang de bourbe murmura t-il Comment peux-tu accepter ça Rabastan ? Te rends-tu compte que ta fille salit le nom des Lestrange en s'affichant avec ce genre de racaille ? Décidément, tu t'es trop radouci, beaucoup trop. »

Il s'interrompit en entendant la porte s'ouvrir sur Valentina, celle-ci observa son père, puis son oncle. Leurs regards ne leur disaient rien de bon.

« Rodolphus qu'est ce que ?
- Valentina, tu n'es pas sans savoir que ton nom était celui de mangemorts puissants ..
- Ça je le sais répliqua Valentina, le fait d'être une fille de mangemort on l'a assez bassiné, merci !
- Ne sois pas insolente Valentina ! Comment peux-tu espérer donner une bonne image des Lestrange en t'affichant aux cotés d'un sang de bourbe ?!
- Un sang de .. Mais Rodolphus comment oses-tu ?! »

Lullaby, alertée par les cris en provenance du salon, descendit.

« Il est temps. Temps d'affronter ce qui quelque part a toujours été votre destin.
- Rejoindre Voldemort ?! s'exclama Valentina
- Exactement. »

Lullaby poussa une exclamation de surprise, ses yeux passant de son père à sa sœur, puis ils se posèrent sur son oncle. Quelque part, elle s'attendait depuis longtemps à ce que sa famille lui demande de rejoindre le lord, depuis le retour de celui-ci. Mais la nouvelle tomba tel un couperet, lui paraissant étonnamment absurde. Toutes restèrent quelques secondes sans rien dire, alors que Rodolphus observait froidement Valentina, Machiavel observait en silence, malgré son air indifférent, les phalanges blanchies de sa main crispée sur le fauteuil montrait quelque peu son trouble.

« Jamais, Jamais je ne rejoindrais les rangs de Voldemort s'exclama Valentina. Tu entends ? Jamais ! Je refuse de quitter ce sang-de-bourbe comme tu l'appelles et de servir le mal ! »

D'un geste rapide, preuve de l'habitude et de l'entrainement, Rodolphus dégaina sa baguette, Lullaby esquissa un pas vers sa sœur mais d'un regard, son père l'en dissuada.

« Je me répète Valentina. Et il en va pour toi aussi, Saphyre, rejoignez les rangs du seigneur des ténèbres, ce destin pour lequel vous êtes nées. Vous êtes les héritières Lestrange votre nom inspire la crainte chez les ennemis du mal, vous vous devez d'en être dignes ! Il marqua une pause. Tu sais Valentina, je possède les armes qui feront flancher ta détermination, pense à ton cher sang-de-bourbe, pense à ce que je pourrais lui faire .. Tu sais à quel point ta tante aime le sortilège doloris, par exemple .. »

Lullaby s'apprêta à répondre, mais sa sœur fut plus rapide. A partir de là, tout fut rapide, trop rapide. Valentina dégaina sa baguette. D'un geste maladroit mais assuré elle tendit sa baguette vers son oncle

« Je t'interdis de le toucher espèce de ..
- Avada Kedavra ! »

Avec une rapidité stupéfiante, Rodolphus avait prononcé la formule. Alors que Rabastan se levait brusquement, faisant tomber le fauteuil dans un bruit sourd, l'éclair lumineux toucha Valentina en pleine poitrine. Celle-ci vacilla légèrement, lançant un regard vers son père, une lueur pathétique y brillait, implorante et amère à la fois. Puis, sous le choc, elle bascula en arrière tel un pantin désarticulé, la chute semblant durer des heures tandis que sa nuque heurta avec un craquement répugnant la marche de pierre qui séparait le salon de la salle à manger. Un lourd silence suivit la chute. Un silence soudain. Tel le silence d'une armée après le massacre guerrier. Le calme après la violence de la tempête, comme si tout s'était éteint en même temps que la vie de Valentina. Silence.

« Dommage murmura Rodolphus, brisant ce silence, elle était une bonne sorcière., et aurait fait une très bonne mangemorte. Rabastan appelle un domestique, qu'on nous en débarrasse avant qu'elle n'empeste ! »

Doucement, il se tourna vers Lullaby. Celle-ci n'avait pas bougé, tout était allé trop vite. Le bruit mat de la chute de sa sœur résonnait encore dans son esprit tel une mélodie entêtante tandis que son corps tremblait de toutes parts. Elle avait perdu son pilier, le seul sur lequel elle se reposait réellement. La seule qui la comprenait et qu'elle comprenait. Celle avec qui elle était si fusionnelle, si proche. Elle ferma un instant les yeux, ne voulant plus affronter l'image du cadavre de Valentina, elle était comme pétrifiée, incapable de pleurer, de parler, de penser.


« Saphyre dit Rodolphus, il est temps que ..
- Non Rodolphus, laisse-moi-faire. répliqua Rabastan d'un ton sec.»

Rodoplhus observa son jeune frère en silence puis acquiesça. D'un mouvement de tête, Rabastanl intima à Lullaby de le suivre. Sans trop savoir ce qu'elle faisait, elle suivit son père, alors qu'elle avançait vers le bureau de celui-ci, elle reprenait peu à peu ses esprits, remettant une à une les images de ce qui s'était passé. Soudain, un sentiment étrange commença à bouillonner en elle alors que ses pas la rapprochèrent du bureau. Son père, il n'avait même pas bougé. Il n'avait même pas essayé de l'en empêcher. Son père, celui qu'elle avait adulé et respecté. Lui qu'elle avait toujours voulu rendre fier l'avait déçue. Alors qu'il pénétra dans la pièce. Ce sentiment bouillonnait, se mêlant à la tristesse et à l'incompréhension.

« Saphyre je .. commença-t-il
- Tais toi ! »

Rabastan se tourna vers sa fille. Jamais elle ne lui avait répondu.

« Comment .. Comment t'as pu ?! T'as même pas bougé, tu l'en a même pas empêché ! Tu .. Tu l’as laissé tuer ta fille ! C'est comme si tu l'avais tuée ! »

Rabastan écouta la tirade de sa fille sans la regarder, les yeux fixant la fenêtre. Il semblait en profonde réflexion.

« Regarde-moi ! Affronte-moi ! Dis quelque chose putain !
- Saphyre je ..
- Sache le, je ne deviendrais pas mangemorte, tu peux me tuer tout de suite, à moins que tu préfères regarder ton frère faire ! »

Rabastan sembla réfléchir rapidement, puis d'un geste vif, il dégaina sa baguette. Lulla sentit son cœur s'accélérer tandis que son regard se posa sur la baguette puis sur le visage, inexpressif, de son père. Elle ne baissa néanmoins pas le regard, prête à l'affronter, à voir la mort aller vers elle et la prendre comme elle avait pris sa sœur.

« Je suis un mangemort, Saphyre. J'ai été élevé ainsi, je suis né ainsi. Je ne peux pas faire autrement que de servir le mage noir ..
- Et bien vas-y, fais-le ! rétorqua-t-elle. »

Sans un mot, Rabastan observa sa fille, puis d'un coup rapide de baguette il fit tomber l'armure qui se trouvait dans un coin de la pièce, celle-ci se fracassa au sol avec un bruit de ferraille qui avait dû se répercuter dans tout l'étage. Alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche, Rabastan attrapa le bras de sa fille et transplana. Aussitôt, le bureau de son père laissa place à un petit appartement que la jeune femme connaissait bien, c'était chez sa grand-mère maternelle à Glasgow.

« Il y a coffre à ton nom à Gringotts, tu y trouvera tout ce dont tu as besoin.
- Mais pourquoi ? A quoi tu joues ?
- N'oublie pas que je suis ton ennemi désormais. A moins que tu ne décides de rejoindre nos rangs, la prochaine fois ne se passera surement pas ainsi, Saphyre. Ne l'oublie pas .. et réfléchis bien, en rejoignant nos rangs tu gagnerais tout ce que tu as toujours souhaité, la gloire, la reconnaissance. Tout. Je te laisse le choix, mais ne t'attends pas à ma clémence si tu décides de nous combattre. répondit-il, simplement. Avant de disparait dans un bruit sonore .»

Lullaby poussa un cri de stupeur; Elle ne pouvait le suivre, ne sachant transplaner. Tout ce qu'elle avait venait de se détruire en une soirée. D'une démarche mal assurée, la jeune fille, choquée et hagarde avança dans le couloir, trébuchant plusieurs fois sur ses jambes tremblantes puis elle pénétra dans les toilettes. Lullaby sentait sa vue se brouiller et ses oreilles bourdonner, d'un mouvement mal assuré elle se pencha au dessus de la cuvette et enfonça deux doigts dans sa gorge. Elle voulait juste se vider. Se vider de tous ses souvenirs, ces sons, ces images, ces odeurs. Se vider et oublier. Tandis qu'elle vomissait ses tripes, tentative illusoire de ne plus penser à ce qu'il venait de se passera les larmes coulèrent le long de son visage. Son pilier était détruit et étonnamment, elle avait perdu un autre pilier, qu'elle pensait bien moins important. Son père. Une fois qu'elle n'eut plus rien à se faire vomir, elle se coucha à même le sol, ignorant le carrelage glacé et l'odeur infecte qui emplissait peu à peu la pièce. Elle ne sentait rien, ne voyait rien, n'étendait rien comme si plus rien n'existait autour d'elle. Elle resta là, prostrée sur ce carrelage glacé, de longues traces noires de mascara étaient tracées sur des joues pâles telles des larmes d'encre. Elle avait tout perdu. Tout.

Rabastan transplana rapidement dans le bureau, fort heureusement, tout ça ne s'était déroulé qu'en quelques minutes, son frère n'avait pas eu le temps de revenir, d'un geste rapide, il renversa le bureau et la chaise de bois, puis il pointa sa baguette vers ses propres jambes. « Locomotor Mortis ! » Il bascula sur le sol, les jambes immobilisées tandis que sa baguette roula à quelques mètres de lui. Au même instant, la porte s'ouvrit à la volée sur Velkan.

« Ou est-elle ?
- Elle s'est enfuie .. elle a refusé de se soumettre, j'ai essayé de l'attaquer mais elle s'est trop bien défendue, elle m'a immobilisé et a transplané .. Mais je crois qu'elle n'est pas sure de sa décision, je lui ai laissé le choix, combattre ou mourir. Sa décision sera la bonne, j'en suis persuadé.
-Argh la garce ! s'exclama Velkan en libérant les jambes de son frère d'un coup de baguette. Tant pis, si elle refuse de se soumettre, elle ne survivra pas seule et au pire, Poudlard lui réservera un accueil bien particulier cette année, elle sera bien obligée de rejoindre nos rangs, viens, le maitre nous appelle. »