N'y allons pas par quatre chemins, Mermaid avait les nerfs ce jour là. Oui, elle fulminait véritablement et elle n'aurait pas été étonnée de voir de la fumée sortir de ses oreilles tant son cerveau était en ébullition. Les raisons d'une telle colère? Un nom. Enfin non, plutôt deux. Tout d'abord, cet abruti, ce déchet de la nature, ce crétin de Burrows. Puis les Carrow. Franchement, à eux trois ils formaient un trio de choc et elle avait juste envie de tous les jeter par dessus la Tour d'Astronomie. Elle était persuadée que tout le monde s'en porterait mieux s'ils venaient par disparaître et peut être même qu'on lui offrirait un Ordre de Merlin première classe pour service rendu au monde magique. Que dis-je, à l'humanité toute entière ! Ses talons – parce qu'elle avait toujours refusé ses horribles chaussures réglementaires et que de toutes les manières, elle faisait et portait ce qu'elle voulait – claquaient furieusement sur le sol alors qu'elle partait en direction du fameux cours d'études sur les moldus où elle allait encore s'ennuyer comme un rat mort, face aux lots de stupidités grosses comme un troll que leur professeur « adoré » allait bien pouvoir leur sortir. Elle allait sûrement finir par s'endormir sur l'épaule d'Oz, et ce dernier allait la réveiller en la pinçant ou en lui donnant un coup de bouquin sur la tête pour pas qu'elle ne se fasse repérer – et punir par la même occasion. D'ailleurs où était ce satané – et chéri – brun ? Peut être encore de se faire draguer par une pintade qui ne voulait que finir dans son lit. A cette pensée, son énervement redoubla d'intensité, alors qu'elle balançait un des livres qu'elle tenait sur la tête d'un garçon de son année qu'elle n'aimait pas, juste pour faire redescendre un peu la pression, avant de le reprendre et de continuer son chemin comme si de rien n'était. Elle, jalouse? Non pensez-vous ! Elle savait bien tout au fond d'elle que cela faisait un petit – long – moment que le serpentard était devenu bien plus que son meilleur ami pour elle et elle souffrait de la situation. Parce qu'elle ne pouvait pas être avec lui. Premièrement tout bonnement parce qu'elle doutait de la réciprocité de ce qu'elle ressentait : après tout, depuis le temps qu'ils se connaissaient, il devait probablement la voir comme une sœur, voire même comme sa jumelle ! Mais aussi à cause de son petit secret dont elle avait honte, non pire, dont elle ne pouvait pas supporter l'existence. Elle savait ce qu'être Fourchelangue voulait dire, elle savait quel avenir se profilait à l'horizon pour elle. Qu'elle continue de lutter comme elle le faisait ou pas, elle deviendrait maléfique. Elle ne pouvait pas échapper à son destin. Comme Salazar Serpentard ou même encore, Lord Voldemort, elle propagerait le mal et la terreur parmi les siens et elle ne voulait surtout pas le mêler à tout ça. Non, elle ne pouvait raisonnablement pas gâcher la vie d'Oz et l'entrainer dans les ténèbres avec elle, il méritait bien mieux que ça. Il devait mener une existence paisible et heureuse et se trouver une femme qui l'aimerait et le comblerait... mais bon sang de bon soir ce que c'était pénible d'en voir certaines lui faire les yeux doux ! Elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir envie de les claquer contre le mur et généralement, quand ça arrivait, elle finissait toujours par se disputer avec son meilleur ami, faisant trembler tout le château sous l'intensité de leurs cris. Eux, passionnés? Totalement. Amoureux l'un de l'autre? Complètement. Mais bien trop aveugles et effrayés de se perdre pour se lancer et se l'avouer mutuellement.

Elle venait de prendre un nouveau détour en direction de son futur quand elle eut une nouvelle fois dans son champ de vision la raison première de sa mauvaise humeur et une nouvelle fois, son sang fit un tour dans ses veines. Ils avaient déjà eu un accrochage un peu plus tôt dans la journée parce que ce dernier traumatisait des premiers années, au point tel que le frère Carrow lui même avait du les séparer et qu'il avait donné un avertissement à la jeune fille – pourquoi qu'elle d'ailleurs? - comme quoi elle ne devait plus dégainer sa baguette contre un camarade sang pur ou elle aurait affaire à lui. Ou en gros elle finirait en salle de tortures quoi. Mais ce dernier continuait à faire son petit tyran et si Mermaid avait bien un défaut, c'était son impulsivité. Et aussi sa capacité à s'attirer des ennuis. Hélant son camarade, elle s'approcha de ce dernier avec une mine faussement séductrice, histoire de ne pas éveiller les soupçons alors qu'elle lui parlait d'une voix lente et langoureuse, ce qui semblait marcher totalement. Le garçon semblait captivé et il fallait croire qu'il avait oublié que quelques heures plutôt ils avaient failli s'égorger mutuellement. Que c'est bête un mec franchement ! Arrivée juste devant lui, elle passa sensuellement ses bras autour de son cou, comme si elle s'apprêtait à l'embrasser, lui offrant un regard de biche... avant de lui envoyer directement son poing dans le ventre. Le garçon en eut le souffle coupé, et la violence de l'attaque le fit tomber sur le sol non. La jeune fille laissa un ricanement amusé sortir de sa bouche mais ce dernier s'arrêta bien rapidement en sentant une main forte sur son épaule et en croisant le regard de Carrow mâle alors qu'elle se retournait vers ce dernier. Tentant son plus large et lumineux sourire – hypocrite – elle s'adressa d'une voix joyeuse, enjouée et légère à ce dernier.

MERMAID - «  Bah quoi? Vous aviez dis plus de magie, non? Et j'ai obéi ! »

...Ce qui lui valut un aller simple pour la sale de tortures. Ce fut le jumeau lui même qui s'occupa d'elle – annulant son cours visiblement pour ça ! - et d'après ses dires, vu qu'elle avait utilisé la violence physique avec un camarade, il allait en faire de même avec elle alors qu'il l'avait attachée pieds et poings liés au mur avec de grosses chaines. Je vous passerai les détails de ce petit entretien des plus charmants mais sachez juste que quand elle en sortit, on aurait pu la prendre pour un croisement entre un diablotin et un stroumph tant son corps était couvert d'hématomes et de plaies où le sang coulait encore. Autrement dit, elle était pas vraiment présentable. Elle put remarquer grâce à sa montre que le couvre feu était déjà passé depuis un bon moment et c'est en clopinant qu'elle partit en direction de sa salle commune, remerciant déjà le ciel pour le canapé moelleux qu'elle allait y trouver sur lequel elle pourrait se reposer. Oui mais voilà les choses ne se passaient jamais comme elle le voulait et une nouvelle fois, au détour d'un énième couloir, elle croisa une Carrow, la femme cette fois-ci, qui lui demanda ce qu'elle faisait dehors à cette heure là et de lui donner la réponse en cinq mots maximum parce qu'elle n'avait pas que ça à faire que de s'occuper d'une petite idiote comme elle qui ne respectait pas le règlement. Genre ça se voyait pas d'où elle venait, elle était stupide ou quoi. Tendant alors sa main devant elle, elle se mit à lever un doigt à chaque mot qu'elle disait, ne pouvant une nouvelle fois retenir son impertinence naturelle.

MERMAID - « Out for a walk... » Elle se tut une seconde avant de lever seulement le petit doigt et le pouce et de bouger sa main en faisant le signe satanique, oubliant à qui elle avait à faire et que la sorcière n'apprécierait sûrement pas son humour « ... bitch. »

... Et effectivement, elle n'apprécia pas et la rouquine fit un retour triomphal – ou pas – dans la salle de tortures, alors que cette fois-ci, elle subissait des Doloris à répétition. Comme quoi, elle pourrait comparer comme ça les sévisses magiques et ceux moldus ! Cela lui parut une éternité avant qu'elle puisse ressortir de là et quand ce fut le cas, elle ne pouvait plus aligner un pied devant l'autre tant elle était à bout de forces. Seulement, pour une fois, la chance semblait lui sourire car un de ses camarades et amis de Poufsouffle passait justement par là. Ce dernier la prit sur son dos et entreprit de la reconduire vers sa salle commune, lui racontant qu'elle avait disparu depuis trois jours et que tout le monde se faisait énormément de soucis à son sujet, surtout que les Carrow refusaient de répondre à la moindre question la concernant. Elle sourit doucement alors qu'il continuait à lui faire la causette alors qu'elle fermait les yeux pour se reposer un peu. Elle appréciait beaucoup Dustin et elle lui était reconnaissante de ce qu'il faisait à cet instant : en effet, bien qu'ils étaient sortis brièvement ensemble en cinquième année, ils avaient réussi à rester en bon termes après leurs séparations et à rester amis. Et c'était quelque chose de très important pour elle. Elle le remercia quand ils furent arrivés à destinations, lui promettant que tout irait bien pour elle à partir de maintenant et, rentrant dans sa salle commune, elle fonça – tant bien que mal, en clopinant à mort et en tombant souvent – vers les douches, histoire de pouvoir se décrasser un peu. Quand elle sortit de la salle d'eau, elle ne put s'empêcher de jeter un regard au miroir face à elle et de faire la grimace en se voyant : elle avait un énorme bleu sur la joue gauche et sa lèvre inférieure était fendue. Quant au reste de son corps, elle ne savait pas qui des hématomes ou des plaies étaient les plus présentes et elle ne distinguait presque plus sa peau blanche sous les taches bleues et rouges. Soupirant de nouveau, elle enfila un short et un débardeur en guise de pyjama et par dessus, un long déshabillé pour cacher ses « blessures de guerre » alors qu'elle redescendait en direction de la salle commune. S'approchant d'un des murs, elle sortit sa baguette magique pour tapoter contre ce dernier, alors qu'elle finissait par faire apparaître un trou dans ce dernier, petite cachette secrète qu'elle avait trouvée au cours de sa troisième année et qui, en ce moment lui était plus qu'utile. Elle en sortit deux choses, à savoir, un petit pot d'essence de Murlap pour soigner ses blessures mais aussi, un paquet de cigarettes, dont elle se félicitait d'avoir eu la décence de les laisser l'an dernier. Ces dernières lui auraient été confisquées par les Carrow s'ils avaient eu vent de leur existence. Et là, maintenant, tout de suite, elle avait bien besoin de s'en griller une. Fumeuse? Pas vraiment, juste quand elle était sous le coup d'une émotion trop forte, ça l'aidait à se calmer, à se détendre. C'est ainsi que, posant le récipient rempli d'un liquide jaunâtre sur une des petites tables de la pièce, elle alla s'asseoir sur un des canapés face à la cheminée, allumant sa cigarette et commençant à fumer tranquillement, perdue dans ses pensées, les yeux rivés sur le feu dansant juste devant elle...